Qu’est-ce que la socialisation ?

Mots clés

Instance de socialisation : agent, réel (ex. : famille) ou fictif (ex. : série télévisée), qui transmet des valeurs et des normes.

Déviance : non-respect des normes sociales (à ne pas confondre avec la délinquance qui est le non-respect des lois)

Les médias : moyens de diffusion de l’information (la presse, le cinéma…)

Socialisation anticipatrice : intégration en avance, pour un individu, des normes et des comportements d’un groupe social auquel il aspire à appartenir

 

Résumé

  • Le processus de socialisation s’appuie sur plusieurs instances de socialisation notamment la famille et l’école qui occupent une place centrale auprès des plus jeunes.

Les médias et le groupe de pairs occupent également de l’espace et du temps et constituent avec l’âge les principales instances de socialisation. Un groupe de pairs peut par exemple être prescripteur de pratiques sociales et de tendances comme le goût musical, la manière de se vêtir …

  • La socialisation n’est pas un processus homogène : elle n’est pas la même pour tous. Elle se différencie avant tout en fonction du milieu social d’origine.

 

Cours


Objectif :

  • Connaître les instances de socialisation

 

I. La famille

1. La famille est une instance de socialisation privilégiée

Une instance de socialisation est un agent, soit réel (ex. : famille) ou fictif (ex. : série télévisée), qui participe au processus de socialisation en transmettant des valeurs et des normes.

La famille constitue un exemple d’instance de socialisation majeure. La plupart des enfants reçoivent leur premier apprentissage social dans leur famille, auprès de leurs parents, de leurs frères et/ou sœurs. Ils entretiennent d’abord des relations sociales avec eux.

La famille est une instance de socialisation privilégiée car la première que rencontre l'individu

La famille transmet les normes fondamentales (ex. : politesse, hygiène ou de morale) qui permettent à l’individu de trouver sa place au sein de la société et qui marqueront la suite de sa trajectoire sociale.

2. Modes de socialisation : par inculcation et imprégnation

La famille est le lieu où la socialisation par inculcation est la plus fréquente. Comme les parents ont autorité sur les enfants, ils peuvent leur apprendre les normes volontairement et méthodiquement : « pas de téléphone à table ! ».

La socialisation par imprégnation fonctionne également, d’autant plus que le lien affectif encourage les enfants, notamment les plus petits, à imiter leurs parents.

3. (Culture générale) Répartition des familles en France en 2020

( Source : Insee, enquête annuelle de recensement 2020. Champ : France hors Mayotte, familles avec au moins un enfant mineur )

En France, en 2020, 66,3 % des familles (soit 5,3 millions de familles) avec au moins un enfant mineur sont des familles « traditionnelles », où tous les enfants résidant dans le logement sont ceux du couple.

4. Socialisation différente selon les ressources économiques et culturelles des familles

Les activités culturelles et les styles de vie sont souvent différenciés en fonction du milieu social. Par exemple, dans les classes populaires la durée accordée à la télévision est en général plus importante que dans les milieux aisés.

Dans les milieux bourgeois, les pratiques culturelles sont supervisées (professeur privé, conservatoire, …) et orientées vers des activités valorisées (ex. : musique classique).

Les familles n’ayant pas les mêmes ressources économiques et culturelles socialisent différemment. En conséquence, les normes sociales diffèrent entre une famille d’ouvriers ou dans une famille de cadres supérieurs. Par exemple l’obésité touche quatre fois plus les enfants d’ouvriers que ceux de cadres (selon une étude de la direction statistique du ministère de la santé en 2017). Les standards diététiques sont différents entre ces deux milieux : dans les milieux populaires, ils conduisent à une alimentation plus calorique (moins de légumes, plus de boissons sucrées et moins de sport).

Il existe des différences dans le processus de socialisation par interaction. Ainsi, les enfants issus de familles aisées rencontrent davantage de personnes ayant fait des études supérieures (par exemple des juges, des médecins, des avocats) que les enfants de ménages modestes.

La socialisation par imprégnation est également différente : elle conduit les enfants des milieux aisés à une socialisation anticipatrice (intégration par avance des normes et des valeurs d’un groupe social) orientée vers un statut socialement valorisé (ex. : cadres dirigeants, notaire, radiologue)

5. Réussite scolaire et milieu familial

Le sociologue Pierre Bourdieu (1930-2002) établit un lien étroit entre la réussite scolaire et le milieu familial de l’élève. En effet, les milieux favorisés sont plus proches de la culture scolaire. Les familles issues de milieux privilégiés transmettent des normes et des valeurs proches de celles de l’école (pratiques culturelles, règles de politesse, langage), augmentant ainsi les chances de réussite scolaire de leurs enfants qui ne perçoivent pas de différence entre la culture scolaire et la culture familiale. Les enfants des milieux favorisés tendent à intégrer de prestigieuses écoles ce qui aboutit à une socialisation des élites entre elles dans les filières sélectives.

II. L’école 🎓

1. Un lieu de socialisation pour tous

L’école est une instance de socialisation incontournable. En France, la scolarité est obligatoire à partir de 3 ans et jusqu’à l’âge de 16 ans révolus.

Elle participe à la formation du citoyen (à la citoyenneté et aux valeurs de la république), à s’intégrer à la collectivité (l’apprentissage des codes de la vie en collectivité) et par le diplôme est une clé de l’insertion dans le monde du travail.

L'école apparaît comme une des institutions fondamentales de la socialisation

2. L’école est complémentaire ou rentre en contradiction avec la famille

L’école et la famille peuvent être complémentaires, puisqu’elles transmettent sur une très longue période les normes liées au langage, à la politesse, etc. À l’instar de la famille, l’école utilise la socialisation par l’inculcation fondée sur l’autorité des enseignants.

Ces instances de socialisation (l’école et la famille) peuvent parfois entrer en concurrence si elles ne s’attachent pas aux mêmes valeurs.

L’enfant bâtit alors son identité sociale en choisissant entre ces valeurs.

3. Des expériences personnelles socialement différenciées

Certains élèves, appartenant souvent aux catégories intermédiaires et supérieures, font très tôt dans leur scolarité l’expérience de prises de paroles gratifiantes où ils savent se démarquer. Ils découvrent, en milieu scolaire, les opportunités de découvrir la valeur des expériences dont ils peuvent témoigner (visites dans des musées, lectures personnelles…) et des connaissances qu’ils mobilisent.

D’autre part, d’autres élèves, en particulier ceux avec des difficultés dans la relation scolaire, sont conduits à faire les mêmes situations scolaires une expérience totalement différente.

À la différence des premiers qui trouvent en milieu scolaire des sources de satisfaction personnelle (se sentir intelligent ou important comme en témoignent les qualificatifs des enseignants pour les décrire (intéressants, cultivés, etc.)), ces élèves remarquent que prendre la parole ou passer devant le tableau se traduit par être mis en difficulté et recevoir des critiques.

Ainsi, l’école est pour eux non pas celle de la gratification ou de la valorisation personnelle, mais celle d’une disqualification, par accumulation de retours négatifs, de leurs tentatives infructueuses d’interactions, de leurs moments de solitude face aux interrogations de l’enseignant(e) et des condamnations de leurs productions scolaires.

III. Le groupe de pairs

1. Qu’est-ce qu’un groupe de pairs ?

Le groupe de pairs est composé d’amis, de connaissances, de camarades voire de contacts sur les réseaux sociaux.

Les travaux réalisés dans des classes maternelles et dans les cours de récréation montrent que le comportement, les attitudes et préférences des plus jeunes enfants sont influencées par le groupe des pairs. Ce groupe est donc un espace de construction de l’identité.

Cette instance est constamment présente auprès de la jeunesse. Le groupe de pairs peut remettre en question des normes d’autres instances de socialisation et produire de nouvelles normes par une socialisation horizontale. Les normes familiales sont particulièrement mises à l’épreuve ce qui permet à l’adolescent de ne pas se trouver dans une reproduction pure du modèle familial.

Elle peut parfois être un lieu de déviance c’est-à-dire ne pas respecter les normes sociales. Ainsi, il a été montré par les sociologues qu’un groupe de pairs peuvent parfois pousser ses membres à consommer de l’alcool. 

Le groupe de pairs est un lieu d'expérimentations nouvelles hors du cadre familial.

2. Conséquences du lieu de vie sur la socialisation

L’emplacement du logement est crucial dans la socialisation, car il détermine les groupes de pairs que les enfants fréquentent, à l’école ou dans leurs quartiers.

Les familles aux revenus modestes sont limitées dans le choix de leur logement et se retrouvent dans des quartiers défavorisés qui cumulent les difficultés sociales et économiques (peu de diplômés, chômage).

À l’inverse, les ménages aisés choisissent d’habiter dans quartiers favorisés. Le choix de sa destination de vacances est lui aussi déterminé par les ressources familiales, qui accentue ce phénomène d’entre-soi (ex. : stations de ski fréquentées par les familles dont les revenus sont élevés).

IV. Les médias

: Les médias sont divers : journaux, radio, télévision, réseaux sociaux numériques, etc.

Les médias regroupent les moyens de diffusion de l’information (la presse, le cinéma…), en tant que moyens de communication de masse ils contribuent à véhiculer des modèles et des valeurs. 

Dès le plus jeune âge, les enfants se socialisent à travers les médias. Ainsi, les enfants peuvent parfois s’identifier avec des héros qui incarnent les valeurs de courage, de tolérance et de solidarité, conformément au mécanisme d’imprégnation.

Les adolescents se montrent particulièrement sensibles aux styles de vie offerts dans les médias (séries, réseaux sociaux). Ils leur donnent des sujets de discussion qui renforcent les interactions et le sentiment d’appartenance au groupe social particulier des jeunes.

Internet, en particulier, peut être un espace d’interaction, donc d’échanges et de rencontres, à travers les forums et les réseaux sociaux.

Chez l’enfant, le temps moyen passé devant les écrans est passé à plus de quatre heures (source : rapport 2017 de la Santé publique).